Émilie Fortin-Tremblay
Pionnière de la dernière ruée vers l'or du 19e siècle.
Une Canadienne française qui a adopté le Yukon.
janv 1872- avril 1949
Émilie Tremblay, née Fortin, émigre à Cohoes, New York (É.-U.) a quinze ans avec ses parents.
Elle y rencontre à 22 ans Nolasque Tremblay, un aventurier chercheur d'or dans le Yukon (et il en trouve pas mal, avant même la ruée à venir) en visite: c'est le coup de foudre et elle l'épousera le 11 décembre 1893.
Le 16 juin 1894, après un "voyage" de noces de 8 000 milles truffé d'événements cocasses (en fait c'est une rude expédition que seuls les hommes costauds tenteront quelques années plus tard, parfois au risque de leur vie, certains préfèreront se suicider en chemin que de subir pareil enfer pour rallier la terre promise), Émilie Tremblay arrive à Fortymile, au Yukon.
Elle devient la première femme blanche à avoir traversé le terrifique col Chilkoot.
Le couple passe l'hiver à Miller Creek dans une petite cabane en rondins, sans confort et dans un milieu glacial, hostile.
Émilie, qui était une joyeuse jeune femme décide d'inviter la dizaine de mineurs voisins à partager le repas de Noël.
Au menu: un repas français (québecois) : lapin farci, rôti de caribou, haricots bruns bouillis, sardines du roi Oscar, pommes de terres évaporées, beurre et pain sourdough et pouding aux prunes.
Sa réputation fait vite le tour du Yukon.
Au printemps, Émilie et son mari font un jardin sur le toit de leur cabane et récoltent radis et laitue à profusion dont il font profiter aux voisins.
De l'automne 1895 au printemps 1898, les Tremblay rendent visite à leurs familles aux États-Unis et au Québec.
Ils reviennent par la piste Chilkoot en pleine Ruée vers l'or en compagnie de quelques amis tentés par l'aventure. Elle sera alors témoin d'une meurtrière avalanche et participera aux secours.
SOURCEEn 1906, ils font un voyage de quatre mois en Europe.
A leur retour, la cabane qu'ils occupaient est occupée par d'autres, ils vont donc s'installer à Dawson.
Jusqu'en 1913, M. et Mme Tremblay circulent d'un emplacement minier à un autre dans le Klondike au grès des fonctions de monsieur qui dirige les communautés de prospecteurs.
Par la suite, elle ouvre un magasin de vêtements pour dames à Dawson. Ce magasin est aujourd'hui un bâtiment historique.
64° 3'46.60"N139°25'49.30"W
Émilie Tremblay était une femme très courageuse qui s'est distinguée par son engagement social et son dévouement pour les autres. Elle a été fondatrice des Ladies of the Golden North, présidente du Yukon Women Pioneers et membre à vie des Daughters of the Empire. Les nombreuses médailles qu'elle a reçues et quelques-uns de ses souvenirs ont été remis au musée du Saguenay, au Québec. Elle a été marraine de 25 enfants en plus d'élever la fille de sa sœur, devenue veuve avec 9 enfants à nourrir. La maison d'Émilie était toujours ouverte aux voyageurs, aux missionnaires et aux veuves. Durant la guerre, Émilie a tricoté 263 paires de chaussettes pour les soldats. Un an après la mort de son mari, en 1935, elle rend visite à sa famille et à ses amis du Québec et des États-Unis (1936-1939). En 1940, de retour à Dawson, et âgée de 68 ans, elle épouse Louis Lagrois. Elle laisse son commerce et déménage dans la demeure de M. Lagrois à Grand Forks, au Yukon. En août 1946, elle se rend à San Francisco pour participer au congrès annuel des anciens du Yukon. Elle dira souvent préférer les gens bourrus fréquentés au Yukon aux mondains rencontrés lors de ces invitations. Elle a passé les dernières années de sa vie dans une maison de retraite à Victoria, en Colombie-Britannique.
Émilie Tremblay est décédée le 22 avril 1949 à l'âge de 77 ans.
En 1985, pour commémorer son exceptionnel dévouement, les autorités ont nommé la première école francophone du Yukon École Émilie-Tremblay à Whitehorse.
60°42'25.69"N135° 6'35.08"W
C'est ainsi que la petite Émilie de Saint-Joseph d'Alma, la petite francophone, marqua l'histoire du Yukon.